La toile accueille le monochrome. Le monochrome délimite le champ d’actions, là où ça a lieu. Les actions organisent le plan par un jeu de rencontres pour le regard entre l’horizontal et le vertical, ces deux stations où, en leur(s) croisement(s), notre être surgit à la présence.

Selon leur extension propre, les actions se différencient les unes par rapport aux autres ; elles sont dénombrables, cantonnées et  condensées par un mouvement qui donne une unité de manifestation.

Ces actions - gestes-gelés-là - faites dans et avec la matière plastique, fluide au passé, sont autorisées au présent dans la solidité même de la matière, localement, sous forme de sillons qui ont été creusés par le pinceau. Celles-ci organisent une structure d’un seul tenant, qui fait bloc, portant la mémoire de tous les gestes dédiés.

Les tableaux de Sophie Lavine travaillent de manière haptique une structure-figure-réseau, à la fois statique et dynamique, texturée et colorée, qui donne à voir une arborescence où tout fait lien, incarnée en un bas-relief en saillie, attaché au fond tout en s’en détachant pour venir jusqu’à nous. Chaque couleur révèle une zone : l’une avec l’autre organise une zone-être qui veut mettre en mouvement la pensée de celui qui est là.

De la peinture peinte où la couleur trouve son lieu, arborescence structurée par la pensée, libérée par le diagramme, donnée dans la paume du regard.